7e Édition
Évènement
d’Art Actuel
12 Juin —
11 Septembre
2022
2022
7e Édition
Évènement
d’Art Actuel
12 Juin —
11 Septembre
2022
Cultiver l’humilité

cultiver
l'humilité
m8jagen
piwihozw8gan
cultivating
humility

Orange planifier sa visite
12 juin au 11 septembre 2022

Que voulons-nous apprendre des plantes ? Comment pouvons-nous dénouer une conception du jardin comme espace délimité de culture pour mieux appréhender et transformer les rapports de domination qui se sont forgés entre les différentes formes de vie ? Cultiver l’humilité | M8jagen piwihozw8gan s’intéresse à la création d’espaces pluriels de connaissance et de transmission ainsi qu’aux relations d’interdépendance entre les êtres au sein desquelles se tissent des manières cohérentes de faire partie du monde. Cet événement artistique et communautaire est une invitation à percevoir et à honorer la force de résistance des plantes. Cette puissance ne se résout pas dans une forme définitive et elle se sonde, notamment, dans leur croissance lente, leur toxicité, leur besoin d’interrelations, leur capacité de régénération et leur fragilité.

Les œuvres ici réunies nous proposent des processus d’apprentissage tout en inventant des modes de relations éthiques avec le vivant. Elles rendent visible l’héritage colonial perpétué dans l’histoire occidentale des plantes et racontent des récits qui témoignent de réalités laissées en marge. Elles nous incitent ainsi à nous intéresser aux interactions entre les éléments des écosystèmes dont nous faisons partie. Relevant d’une pluralité de consciences du monde, ces œuvres, ensemble, soulignent les dimensions affectives, culturelles, rituelles et curatives des plantes en même temps qu’elles mettent en lumière les processus d’effacement, d’exploitation, de dépossession et d’exotisation instaurés par les réalités coloniales.

Déployé dans une exposition en deux volets, au centre EXPRESSION et au Jardin Daniel A. Séguin, Cultiver l’humilité | M8jagen piwihozw8gan rassemble des pratiques culturelles, communautaires et artistiques. L’événement fait aussi un saut à La Pocatière et à Saint-Germain-de-Kamouraska pour un microfestival organisé avec le centre d’artistes Vrille art actuel, en collaboration avec des cueilleuses, artistes des métiers d’art et scientifiques de la région. Il trouve également des échos dans une série d’activités communautaires et d’ateliers pour vivre et penser nos relations avec les plantes, organisées avec des partenaires de Saint-Hyacinthe et des environs, ainsi que des membres de la communauté w8banaki d’Odanak, avec la complicité du Grand-Conseil de la Nation Waban-Aki. L’événement se prolonge dans un espace web expérimental déployé sur le site internet de la 7e édition de ORANGE, où se rencontre une diversité de matériaux en provenance des artistes de l’exposition. Nommée LA FRICHE, cette constellation documentaire, ficelée par la commissaire adjointe au volet web Laura Demers, témoigne de leurs perspectives et processus de création.

Les rencontres auxquelles nous vous convions se déroulent en territoire non cédé w8banaki et wolastoqey, et nous reconnaissons ces nations comme gardiennes des terres et des eaux sur lesquelles nous avons le privilège de circuler, de créer et de nous rassembler. Nous concevons ce projet dans son ensemble comme une occasion d’apprendre auprès des artistes et des porteur·euse·s de savoirs et nous espérons vous y retrouver pour être et faire ensemble tout au long de l’été 2022. 

Commissaires

Elise-Anne Laplante
Crédit photo : Annie France Noël
Elise Anne
LaPlante
Véronique Leblanc (photo par Jean-Sébastien Veilleux)
Crédit photo : Jean-Sébastien Veilleux
Véronique
Leblanc

Les commissaires Elise Anne LaPlante et Véronique Leblanc forment un duo pour cette 7e édition de l’événement ORANGE. Cueilleuses, jardinières et buveuses de tisanes, elles ont saisi l’occasion de ce projet pour amorcer de nouvelles relations centrées sur des pratiques réflexives et curatives entourant les plantes. En tant que commissaires francophones, acadienne et québécoise, Elise Anne et Véronique tiennent à reconnaître leurs privilèges et le fait que leurs perspectives sont celles de personnes blanches issues de la colonisation. Elles s’engagent, à travers leurs actions et leurs relations, à adopter une posture humble et à réfléchir aux manières dont leurs pratiques curatoriales peuvent contribuer à des processus de décolonisation. Particulièrement interpellées par les approches et les imaginaires féministes et queers, pour l’une, et par les dimensions collaboratives et performatives de pratiques artistiques engagées, pour l’autre, leurs intérêts se croisent dans un souci de dé-hiérarchisation des connaissances. Partageant une sensibilité pour les manifestations artistiques décentralisées, elles explorent la possibilité de faire d’un projet curatorial un espace d’apprentissage collectif.

Commissaire adjointe
au volet web

Laura Demers
Crédit photo : Miles Rufelds
Laura
Demers

Laura Demers est artiste, écrivaine et commissaire indépendante franco-ontarienne œuvrant à Toronto. Elle détient un BAV en peinture et dessin de l’Université d’Ottawa (2015) et une maîtrise en histoire et théorie de l’art de l’Université de Toronto (2017). Elle s’intéresse aux discours écologiques, scientifiques et pseudoscientifiques, aux histoires naturelles locales, et à la matérialité de notre environnement, à la fois construit et naturel. Laura Demers est co-fondatrice de la galerie autogérée the plumb.

Ce que signifie
Cultiver l’humilité
en Aln8ba8dwaw8gan


Dans le titre Cultiver l’humilité, le verbe « cultiver » revêt un double sens, soit le sens propre d’une culture agricole et le sens figuré de faire grandir quelque chose. Comme l’Aln8ba8dwaw8gan est une langue descriptive et ancrée dans des réalités tangibles – contrairement au français qui joue souvent sur les figures de styles et les images – ce genre de concept n’est pas directement traduisible. Grammaticalement parlant, il n’est pas possible de cultiver quelque chose d’abstrait comme l’humilité en Abénakis. Le sens de la phrase est donc ici interprété autrement. L’énoncé qui se rapproche le plus de l’idée de Cultiver l’humilité est M8jagen piwihozw8gan, que l’on pourrait traduire de façon littérale par « Cela croît, grandit, pousse » et « se faire soi-même petit » pour donner quelque chose comme « L’humilité croît » en français.

En langue abénakise, chaque lettre composant les mots se prononce. Le « 8 » est un son nasal entre le « an » et le « on ». La lettre « j » se prononce « dz » et le « g » est toujours dur comme dans le mot « gant ». Le « i » se prononce comme « é » et la lettre « h » est toujours aspirée. Enfin, le « w », lorsqu’il est suivi d’une voyelle, se prononce comme un « ou » comme le «w» se prononce en français dans le mot « Web ». Ainsi, le titre M8jagen piwihozw8gan se prononce « Mandzagenne péouéhauzouanganne ».

Philippe Charland
Traducteur